Le contexte sanitaire exceptionnel n’a permis l’installation du conseil métropolitain avec ses 119 élu·es que le 17 juillet dernier, dans une ambiance tendue.
Il est d’usage (et de droit) d’élire lors de ce premier conseil le président de la métropole et son exécutif, mais c’est un autre récit que les habitant·es des 49 communes de la Métro ont pu suivre cet été.
Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix et qui a présidé la métro de 2014 à 2020 est réélu au terme d’un conseil "marathon" de plus de 10h heures, présidé par Georges Oudjaoudi, conseiller métro pour la ville de SMH en sa qualité de doyen de l’assemblée.
Cette élection a fait couler beaucoup d’encre et pour cause, il aura fallu 3 tours, le désistement du candidat de droite D. Escaron et quelques voix pour que C. Ferrari soit élu face à Y. Mongaburu, ancien président du SMMAG et candidat soutenu par les groupes UMA ( Une Métopole d’Avance qui réunit les élus de la majorité municipale de Grenoble et de sensibilité écologique et sociale d’autres communes) et CCC (Communes, Coopération et Citoyenneté) qui réunit les élus communistes.
Après un été de négociations, ce sont 20 VP qui ont été élu·es lors du CMétro du 18 septembre, puis, dans les semaines qui ont suivi, les bureaux des organismes "satellites" de la Métro (SMMAG pour les mobilité, EPFL pour la politique foncière liée au logement social,...).
L’exécutif de la métro et les bureaux des organismes reflètent clairement la forte tension qui demeure et un rapport de force changeant entre les différentes forces politiques : un projet écologiste de métropole porté par UMA d’une part et d’autre part, un projet privilégiant les "logiques de territoire" et le pouvoir des maires, cœur du projet porté par le président C Ferrari.
Que retenir de cette séquence ? Quelles conséquences pour les communes ?
- Perçue comme un affrontement d’égos, il s’agit, en fait, d’une opposition de projets et de vision de la métropole. La Metro est redevenue une coopérative des communes comme avant 2014. C Ferrari a été élu avec les voix de la LREM et des droites. La majorité n’a pas vraiment de consistance, elle sera instable et sera « renégociée » de façon houleuse à chaque délibération, comme ce fut le cas sur l’aide économique aux grandes entreprises pour Nano2022.
- Sans que la métropole soit vraiment paralysée, les projets ambitieux concernant les mobilités, le logement, les espaces publics… vont connaitre un vrai coup de frein. On annonce déjà l’arrêt du projet Portes du Vercors. Pour preuve, aussi, des responsabilités importantes vont accélérer la dérive : le SMMAG est confié à Laval (maire de St Martin le Vinoux, macroniste) qui veut amputer les zones à faibles émissions, l’EPFL est confié à Coigné (maire de Sassenage, droite, représentant le Département) qui veut stopper les acquisitions publiques, et accorder la primauté aux politiques communales au mépris d’une cohérence métropolitaine (ex : soutien au multiplexe de l’UGC à Neyrpic).
- Les manœuvres politiques du président Ferrari l’ont montré plus attaché à constituer un exécutif à sa main qu’à défendre un projet politique cohérent sur la totalité du territoire métropolitain.
- Globalement ce sont les politiques de transition écologique qui vont pâtir de cette combinaison métropolitaine. Partout où il existe des rassemblement citoyens et écologistes il faudra se mobiliser pour que les priorités de la transition soient mises en avant et contraignent les communes à se prononcer et à bouger.
Solid’Hères doit prendre toute sa place dans cette bataille.